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dimanche 24 août 2014

Palerme le "non-finito"


Villa Palagonia - Bagheria



Plus que Marseille, Palerme est dans un sale état (au sens propre comme au sens figuré !) mais la Sicile reste et restera un mythe, un imaginaire encore accessible.
Des Grecs, Romains, Phéniciens, Normands, Espagnols puis Anglais, elle gardera un souvenir qui se traduira, pour le plus évident dans son architecture mais aussi, dans la musique et pour les plus gourmands, dans sa cuisine et sa pâtisserie.
Les Siciliens sont d'une gaieté avouée, les enfants des rues chantent à la volée avec ces incantations si particulières aux chants traditionnels. On y vit de peu, on y vit de rien, le chaos peut survenir à chaque coin de rue et le sublime côtoie le sordide. 
On y parle fort, on y conduit dangereusement, on y jette sans vergogne tous les détritus du monde, on y construit sans loi et avec peu de foi  " lungo mare" rendant impossible l'accès aux plages dans certaines parties de l'île mais on y mange tout, religieusement.
Le "non finito" * d'un Michel-Ange, architecte d'un XXe siècle irréel, ce pourrait être aussi une bonne définition de la ville aujourd'hui, mettre en évidence " l'intensité spirituelle et dramatique " de Palerme. Au désastre de la destruction et des ruines se mêlent les élans interrompus de la construction, comme dans une grande partie de l'Italie au sud de Rome, des projets inachevés sortent de terre pour ne jamais s'avérer utiles.
Palerme pourrait être une des plus belles villes d'Europe (*état d'inachèvement d'une oeuvre d'art), elle est le désespoir de gens cultivés et éclairés comme Guiseppe, architecte designer, qui n'ont pas l'écoute souhaitée pour améliorer les choses, "un gâchis sans fin, voilà notre ville" - senza fine !
Sur la côte, en allant au sud de Palerme, Cefalù, village modeste construit à flan de colline, est devenu la destination favorite des touristes, tout y est donc propre, fini, et à cet effet, contraste avec le reste de la région. La petite place où se dresse sur fond de montagne, le dôme, comme un décor de théâtre, est, à la nuit tombée, d'une grande beauté.
Palerme et ses environs proches  sont malgré tout à découvrir car la Sicile est de la Méditerranée, " l'isola " la plus énigmatique et la plus fascinante qui soit. 

*Non finito : non terminé, technique artistique qui s'est souvent traduite par  "une esthétique de l'inachevée ", volontaire ou pas de l'artiste.


Des architectures ...


Du délabrement ....

Du détail typique ....



Des moyens de locomotion ...



Des rues étroites, riches de signes et de vies ...


Des marchés de rue ...

Comme dans toute l'Italie, les marchés sont un plaisir, on y découvre toujours des légumes étranges, en haut à gauche, ce sont des courgettes !!!



Un retour de marché est toujours une fête, une bonne excuse pour faire bombance, la table mise vous invite à découvrir de nouvelles saveurs, les couleurs stimulent votre appétit, tout y est glorieux, énorme comme l'aubergine. Les graines jaunes en haut à gauche sont des lupins, elles se mangent à l'apéritif ou en entrée.



Pour se restaurer sur le pouce : les arancini (boulettes de riz farcies à l'italienne), les tramezzini et la fameuse et roborative brioche à la glace.


Vers la Villa Palagonia à Bagheria ...




L'histoire de cette villa (15 km de Palerme) est à l'image du pays, "extra-ordinaire" !
C'est selon les voyageurs du XVIIIe siècle,  l'endroit " le plus original qui existe au monde et célèbre dans toute l'Europe ", plus connue sous le nom de " Villa des monstres ", elle fut, dit-on, ornée de statuts représentant des personnages connus, souvent caricaturés, et d'êtres anthropomorphiques pour effrayer la jeune épouse du propriétaire et l'empêcher ainsi de sortir de la demeure. 



Galerie ou salon des miroirs ... magnifique !

Mascaron, frise de personnages illustres, de monstres et figuiers de Barbarie.

 Certaines scènes de L'Avventura d'Antonioni ont été tournées  dans cette villa.

Ce chef-d'oeuvre est malheureusement en ruine, 38 propriétaires !!!, paraît-il, n'arriveraient pas à s'entendre pour les travaux. L'endroit était désert, un privilège pour une visite, un terrible inconvénient pour la préservation du site. Vous trouverez non loin de la villa, à Bagheria même, l'un des cafés et "pasticceria" les plus connus en Sicile, le bar Ester, via Palagonia 113.



Vers Cefalù ....


Cherchez l'erreur !!!!



Bondieuseries baroques qui ont un certain charme !

Café sur la place du Dôme


En Italie donc en Sicile, les bars sont tous des pâtisseries et "gelateria", ce qui est fort intelligent ! mais on peut aussi y trouver une petite restauration à emporter ou sur place. En Sicile, les pâtisseries sont exceptionnelles ... si vous aimez l'amande et la ricotta ! Les boulangeries " Panificio", proposent d'autres petits gâteaux "buccellati ", sorte de chaussons fourrés de cedra ou de figue et raisins, moins gras et tout aussi délicieux. 


Cefalù, fin de journée

Tous les matins et soirs .... du monde !


Ce qu'il faut manger en Sicile
  • les pâtisseries (cannoli), les glaces, ...
  • les buccellati (biscuits fourrés)
  • la charcuterie
  • les fromages
  • les arancini .......
Ce qu'il faut rapporter de la Sicile
  • les épices
  • l'huile de Cefalù
  • les biscuits aux amandes
  • les pistaches, les câpres et sel de Trapani (un poco basta !), un peu suffit largement !





Ce qu'il faut oublier à Palerme
  • la saleté
  • le bruit
  • la brioche avec la glace !
Ce qu'il faut retenir de la Sicile
  • le soleil qui illumine et donne de l'éclat à toutes les misères du monde
  • le sublime du chaos 
-




Sur cette même terrasse vous pouvez y déguster la meilleure mozzarella d'Italie
celle " di Bufala Campana DOP " à l'obikà (mozzarella bar) 






















- Conseils musicaux pour une meilleure compréhension du pays -

  • à écouter sur YouTube : Rosa Balistreri (1927 - 1990) "la cantatrice du Sud" ainsi nommée, est sur un registre dramatique, ses chansons parlent de la Sicile, à l'instar de son ami l'écrivain Leonardo Sciascia, comme "violente, tendre, amère et douce." De sa voix rauque, avec sa forte personnalité, adhérante à l'idéologie communiste, elle chantera jusqu' à sa mort les malheurs, la beauté et les mystères de cette île.
  • Pino De Vittorio, Siciliane, The songs of an Island - " Parcours à travers des oeuvres savantes et populaires datant principalement des XVII e et XVIII e siècles."
  • La Voce Passione, ensemble Donnafugata chez RaumKlang - Noemi Laterra et Lamentoridi Montedoro. " Recueil unique de musique de la Passion médiévale en Sicile, archaïque, fervent et poignant. "
  • mais aussi les tarentelles, musiques folkloriques de la Sicile. Selon les croyances,  la tarentelle était une danse sensée guérir une personne ayant été mordue par une tarentule ! D'un rythme régulier et rapide, elle est jouée, entre autres, avec un tambourin et une flûte.  

Conseils avec l'aide de Vincent Dourthe, musicologue avisé de la librairie Mollat.



- Merci à Charlotte Champigny pour ses corrections -